≈ it's just a thought, only a thought.

Aussi loin que te ramène tes souvenirs, l’exactitude de cette ile est toujours gravé dans le moindre détails dans ta mémoire. L’archet en main, tes doigts s’appliquer avec un naturel déconcertant à manipuler cet instrument qui t’a permis d’en arriver là où tu es aujourd’hui. Sans lui tu aurais probablement laissé tomber depuis longtemps. Dire qu’il a été ta seule source de volonté serait mentir, oui car tu oubliais entre autre Ethan. Ethan avait été ton petit ami par le passé, le premier mais aussi le dernier. Lors de ton accident de voiture, tu avais perçu sa voix à la fois rassurante et emplit d’une tristesse que jusque-là tu ne lui avais jamais connu. Il avait été là tout le temps de ta rééducation, s’inquiétant de chacun de tes faits et gestes comme si au nom de la poussière tu disparaitrais toi aussi. Ta famille avait péri dans l’accident, comme cela en l’espace de quelques secondes. Sans crier garde. Ils ne reviendront jamais. Les quatre saisons de Vivaldi résonnent avec une vivacité surnaturelle car tu as ce don de la vivre et de l’habiter complètement. Pour autant, tu ne cesses de doutais en permanence mais depuis le temps tu as su prendre de l’assurance. Tes doigts d’artiste savent parfaitement harmoniser et apprivoiser l’instrument et c’est les paupières closes que tu mets un terme à cette partition que tu dois jouer d’ici quelques heures. « Tu y arriveras très bien comme d’habitude. Bientôt tu seras de retour au bercail, pas vrai ? ». Te lance soudainement la voix coutumière de James qui appuyé contre l’encadrement de la porte te considère d’une expression interrogative. Les bras croisés sur son torse, tu sais qu’il tente par-dessus de te convaincre de ne pas rentrer à Crooked Island car il sait que tout un tas de reproches pourraient être fait. Pour autant, tu avais ce besoin de rentrer après trois années d’absence sans donner la moindre nouvelle. A ton entrée dans cette école de musique, tu avais pris la décision de te reconstruire, d’aller de l’avant et reprendre contact avec ton ancienne vie serait à frein à ta motivation. Cela pouvait paraitre ridicule mais revenir à Crooked Island t’avait paru impossible, la douleur de la perte étant trop ouverte et douloureuse. Tu ne laissais jamais rien apparaitre devant les autres, mais tu avais ce besoin de prendre de la distance. « Arrête de vouloir m’en dissuader Jem, je sais ce que tu penses mais je ne t’ai pas demandé de venir avec moi que je sache. ». Lui dis-tu en rigolant tout en étant posément sérieuse. James et toi étiez très proches l’un de l’autre, un peu comme le meilleur ami que tu n’avais jamais eu. Vous vous étiez connus en première année d’étude supérieure - bien qu'ayant des cursus différents - et les choses en entrainant une autre vous aviez également pris la décision de cohabiter ensemble afin d’atténuer les frais de loyer. Tu te lèves pour ranger ton instrument dans son étui à coque dur, alors qu’il reprend. « Je sais bien, mais es-tu sur de toi ? ». Son interrogation avait été la tienne quelques semaines auparavant. Nombreuses étaient les fois où tu t’étais posé la question, mais intérieurement tes racines d’origines te rappelaient à la raison. Ta famille ne porterait pas de jugement, elle savait ce qu’il en retournait et avait des nouvelles par le biais de ta cousine. Seulement, c’était la présence d’Ethan qui te taraudait. « Bien sûr,  alors arrête de t’en faire pour un rien c’est ridicule. ». Déclares-tu en souriant alors qu’il te prend dans ses bras tout en caressant ton dos. « Je m’en ferai toujours pour toi, tu es ma meilleure amie après tout. ». Tu déposes ton menton sur son épaule, en espérant peut être arranger les choses entre le passé et le présent. Au loin, un portrait photographique de tes parents et ton petit frère t’observe avec un grand sourire. Leurs mémoires t’accompagnent toujours, partout peu importe où tu vas, ils t’encouragent.